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Portrait automnal

  • Marion.L
  • 20 nov. 2015
  • 2 min de lecture

Un matin d'automne pointe le bout de son nez. C'est une belle journée qui s'annonce : l'air est frais, le timide soleil pointe ses petits rayons pour me chatouiller le visage et ma peau pâle. Quoi de mieux que ces petits éclats d'or pour me pousser vers l'extérieur.

Pendant quelques instants, quitter un monde terne et gris, sortir des bâtiments HLM, et prendre avec soi un petit morceau de Dame Nature. « Vite, rends toi au parc », me dis une petite voix dans ma tête. « Pars respirer un air frais, toucher du bout de tes doigts l'herbe décorée de la rosée, sentir les odeurs de l'automne : la mousse humide, la pelouse découpée, les feuilles fanées qui craquent sous tes pieds et titillent tes oreilles. Pars, maintenant ! ».

Pas besoin de sac à main, de téléphone, d'agenda électronique, je pars sans rien. Une chemise et un jeans suffiront à mon bonheur. Je ferme la porte et les soucis. Je pars, oui Madame ! Je pars vivre pour une fois !

Dix minutes pour aller au parc. Les klaxons et la pollution agressent mes sens. Cinq minutes avant d'arriver au paradis ! Des collégiens rient de bêtises postées sur Internet, un homme en costume me bouscule en voulant atteindre son bus. Deux minutes, plus que quelques pas.

Je manque de peu des excréments laissés par un pauvre York Shire, dont sa jeune maîtresse se moque éperdument. Quelques mètres. Je touche la grille en métal verte bouteille. La matière est froide, rouillée de part et d'autres par le temps et les intempéries.

Mais peu m'importe : je suis là. Enfin. Une petite brise soulève les pans de ma chemise, qui elle aussi épouse les couleurs de l'automne. Quelques mèches de mes cheveux libres sont également emportées par la brise. Mes lunettes clissent sur mon nez, je suis un peu essoufflée, je sens le rouge me monter aux joues. Il faut dire que j'avais tellement hâte d'arriver que sans m'en rendre compte, j'ai accéléré le pas.

Encore un peu déboussolée par mon parcours, je retire lentement mes baskets. La plante de mes pieds caresse, ressent, explore de nouvelles sensations sur le gazon. L'herbe est fraîche, verte, belle. Je marche doucement et apaisée. Le temps semble suspendu. Soudain, je me retrouve nez à nez avec un bicentenaire. Un arbre immense se dresse face à moi. Les pieds bien dans la terre, il est là, à m'observer. Sa grandeur et sa noblesse m'impressionnent. Une de ses branches se penche vers moi, comme pour m'accueillir. Il semble m'inviter au repos.

Mon regard le quitte pour suivre la direction de sa branche. Elle me désigne le sol vert et naturel, décoré de quelques feuilles mortes. Mon ami le soleil traverse les bras de l'arbre, laissant filtrer la lumière sur le sol. Je m'allonge sur l'herbe, un bras derrière ma nuque pour être à mon aise. La main sur le ventre, je ressens ma respiration lente et joyeuse. Presque instinctivement, mes yeux se ferment.

Un nouveau rayon du soleil réchauffe mon torse. Je ne peux m'empêcher de sourire, presque émue par toutes ces nouvelles sensations de bien-être.

C'est décidé : quand je serais grande, je serais un arbre.

Crédit Photo : Gart©


 
 
 

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